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Egalité femmes-hommes : et si on se retroussait les manches tous ensemble ?

Egalité femmes-hommes : et si on se retroussait les manches tous ensemble ?

par les trois dirigeants de Johnson & Johnson en France :

  • Emmanuelle Quilès, Présidente de Janssen France
  • Emmanuel Bertin, Président de JJSBF
  • Christophe Duhayer, Directeur Général de Medical Devices France

En ce 8 mars dédié aux femmes et à leur émancipation, il nous semble important de réaffirmer ce en quoi nous croyons collectivement. Certes, le XXème siècle a scellé l’aboutissement de nombreux combats - les congés maternité ont vu le jour en 1909 en France, sans rupture de contrat mais sans traitement – et la Première Guerre Mondiale a accéléré l’accès au travail des femmes alors que les hommes partaient pour le front. Il a fallu néanmoins attendre les ordonnances de 1944 pour leur accorder le droit de vote et d’éligibilité, l’année 1946 pour inscrire, dans le préambule de la Constitution, le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et 1965 pour qu’elles aient, par exemple, le droit de disposer d’un carnet de chèques.

Plusieurs décennies après ces étapes fondamentales, le travail des femmes est passé dans les mœurs mais il reste encore beaucoup à faire en matière d’égalité femmes-hommes. Au plan européen, le Traité de Rome avait en 1957 dédié son 119è article à l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes, en donnant généreusement cinq ans aux pays signataires pour s’aligner. Le principe de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes n’a été inscrit en France que dans la loi de 1972. Depuis, le sujet est pointé du doigt chaque année avec la régularité d’un métronome : 16% séparent encore les femmes des hommes en matière de salaire – chiffre qui n’évolue pas depuis 2010 ! - et cet écart peut atteindre 34% quand on compare le salaire des cadres dirigeants. Pour le Forum économique mondial, la parité dans ce domaine demeure essentielle. Elle permettrait en effet d'ajouter 274 milliards d'euros au PIB français, indiquent les auteurs du rapport « Global Gender 2017 », qui se basent sur des études récentes.

Autre sujet d’attention, sinon d’inquiétude : le pourcentage de femmes dans les Comités de Direction. Alors qu’elles représentent 60% des diplômés, seules 15% en moyenne ont une place dans ces instances de gouvernance ; effet direct de la loi Copé- Zimmermann, la situation s’est améliorée dans les Conseils d’Administration, où le bon chiffre de 42% place la France en tête des pays européens. L’interprétation de ce constat est pourtant triste à pleurer : dès lors qu’il n’y a pas d’obligation légale, les femmes restent les grandes absentes des cercles de pouvoir.

En tant que dirigeants du premier groupe de santé au monde, nous sommes pourtant convaincus que le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes ne peut plus être uniquement législatif : la loi a sanctuarisé les grands progrès obtenus jusqu'à présent. Aujourd’hui, c’est un combat avant tout culturel. Il doit concerner tous les domaines de l’existence, tous les milieux et toutes les générations. A nous, en tant que dirigeants, la responsabilité de porter ces convictions au sein de nos entreprises respectives, en faisant bouger les mentalités, en accompagnant chaque collaborateur, en suivant avec précision les indicateurs dont nous disposons, car ces sujets sont sources de progrès social et de performance.

Au sein de notre groupe, les femmes représentent aujourd’hui 60% des effectifs et 55% des managers. Chacun de nos comités de direction respecte la parité. Des programmes de développement du leadership, des enquêtes, des ateliers de déconstruction des stéréotypes de genre, des conférences, des services, des formations existent, et les femmes sont invitées à la table des discussions. Notre monde n’est pas parfait, mais nous sommes prêts à mettre notre expérience au service d’entreprises qui hésiteraient encore !

Nous pensons avec humilité que rien n’est jamais acquis pour de bon et qu’il ne faut rien lâcher. Alors que les nouvelles technologies, la digitalisation, l’évolution des modèles d’interactions et le « multicanal » sont en train d’arriver aux portes de nos entreprises, les femmes dans les métiers du digital et de l’informatique, piliers de nos économies de demain, restent en très petit nombre. Cette situation risque de susciter de lourdes disparités à moyen terme dans nos économies et nos sociétés, qui pourraient mettre en péril les efforts d’un siècle de combats féministes. Ne prenons pas le risque d’une marche-arrière ! Plus que jamais, nous devons revendiquer et imposer nos convictions et nos espérances ! La nouveauté de ce siècle – et c’est un atout supplémentaire, c’est que des hommes désormais s’engagent pour les femmes, à leurs côtés.